L'abeille appartient à l'ordre des hyménoptères, leur nom provient des ailes membraneuses que la plupart des insectes hyménoptères portent par paires. Le mot vient du grec hymên, « mariage », et ptéron, « aile ». Cela vient du fait qu'il existe des crochets sur la nervure antérieure des ailes postérieures, permettant à celles-ci d'être couplées avec les ailes antérieures. En Europe, l'espèce la plus connue est Apis mellifera, famille des Apoidea. Sur plus de 20 000 espèces recensées, la majorité ne produit pas de miel.

L'espérance de vie des ouvrières varie selon les saisons : de 15 à 48 jours en été et 170 à 243 jours pour les abeilles d'hiver : deux stratégies de survie, deux missions complémentaires pour assurer la pérennité de la colonie.

Deux vies, deux destins selon les saisons

1. L'abeille d'été : une vie intense et brève

Les premiers jours communs des abeilles d'été et d'hiver

Qu'elle naisse en été ou en hiver, chaque abeille commence sa vie de la même façon. Dans ses deux premiers jours, elle nettoie méticuleusement les cellules de cire, nourrit les larves avec la gelée royale qu'elle sécrète, et participe à la construction des rayons.

Mais pour l'abeille d'été, cette période paisible ne dure pas

Du 3ème au 5ème jour et parfois jusqu'à 15 jours, elle inspecte puis nourrit le couvain avec de la gelée royale, du miel et du pollen, en les distribuant sélectivement en fonction de l'âge des larves ou dans le but de créer des reines.

À partir du 10ème jour

les glandes nourricières régressent tandis que les glandes cirières de l'abdomen se développent. L'abeille devient bâtisseuse. Les cellules des rayons, utilisées pour stocker les réserves de miels ou de pollens et abriter le couvain, sont élaborées en groupe (6 heures de travail pour 100 abeilles par cellule), les réparations et operculations étant opérées par des individus.

L'accélération estivale

Dès sa deuxième semaine, l'abeille d'été ressent l'appel du dehors. Les journées longues et les fleurs abondantes déclenchent en elle une transformation hormonale. Ses glandes cirières se développent, ses muscles de vol se renforcent.

au quizième jour, elle devient alors une machine à récolter.

A 15 jours, lorsque les glandes cirières s'atrophient, l'abeille devient receveuse et manutentionnaire ; c'est elle qui va aspirer le nectar régurgité par la butineuse (trophallaxie) puis le déshydrater pour le transformer en miel. Quant au pollen, il est déposé en pelotes par les butineuses et prélevé par les manutentionnaires qui l'humidifient avec de la salive et du miel régurgité pour le tasser ensuite au fond des cellules.

à 18 jours, en été

A 18 jours, l'abeille commence à sortir de la ruche pour la ventiler. Elle se place à l'entrée du trou de vol et bat des ailes. Cette ventilation permet de réguler la température et d'assurer la survie de la colonie dans de bonnes conditions. Si la température du couvain est anormalement élevée, les ventileuses font comprendre aux butineuses qu'il faut apporter de l'eau pour refroidir l'atmosphère. Un tel comportement montre à quel point les besoins de la ruche commandent l'activité des abeilles.

du quinzième au vingtième jour

Entre son 15ème et 20ème jour, l'abeille assure la surveillance à l'entrée de la ruche et devient gardienne. Son rôle consiste à éviter le pillage des réserves par une abeille n'appartenant pas à la colonie. En cas de danger, la gardienne prévient ses congénères en sécrétant une phéromone d'alarme puis, cambrée sur ses 4 pattes arrière, mandibules en avant, elle prend sa posture de défense.

L'épuisement programmé

Cette cadence infernale use son corps minuscule. Ses ailes se déchirent, ses pattes s'abîment sur les pétales rugueux. Au bout de 5 semaines, épuisée par sa mission, elle s'effondre souvent loin de la ruche, le jabot encore plein de nectar pour ses sœurs.

2. L'abeille d'hiver : la gardienne de la colonie

La transformation automnale

Tandis que les abeilles d'été s'épuisent dans leur course au nectar, leurs sœurs d'automne suivent un tout autre chemin. Quand les températures chutent et que les fleurs se raréfient, ces abeilles reçoivent un signal hormonal particulier. Leur corps se transforme : elles accumulent des réserves de graisse et leurs glandes cirières s'atrophient.

Les économes de la ruche

Contrairement à leurs sœurs estivales qui s'épuisent en 5 semaines, les abeilles d'hiver adoptent un mode de vie minimaliste :

Moins de sorties : Elles ne sortent qu'aux beaux jours pour des vols de propreté

Économie d'énergie : Leurs mouvements deviennent mesurés, calculés

Alimentation raisonnée : Elles puisent dans les réserves de miel avec parcimonie

La grappe thermique

L'hiver venu, les abeilles se blottissent les unes contre les autres pour former une grappe compacte autour des rayons de la ruche. Elles réduisent leur métabolisme au minimum tout en restant actives pour métaboliser le miel pour produire la chaleur nécessaire à la survie du groupe avec leurs muscles de vol. La température au cœur de la grappe atteint environ 20 °C et descend à environ 8 °C en périphérie. Il y a suffisamment d'espace pour permettre aux abeilles de ventiler pour apporter l’oxygène et évacuer l’humidité.

Les abeilles hivernales organisent une rotation constante : celles placées à l’extérieur, exposées au froid et progressivement engourdies, sont ramenées vers le centre pour se réchauffer, tandis que d’autres prennent leur place en périphérie. Cette alternance collective, instinctive et solidaire, assure la survie de l’ensemble de la colonie durant les mois les plus froids.

Le sacrifice du renouveau

Quand arrivent les premiers bourgeons de février et que la reine recommence timidement sa ponte, ces vielles abeilles nourrissent les premières larves qui permettront à la colonie de renaître. Comme les abeille d'été, les vols à l'extérieur vont les épuiser, elles cèderont progressivement la place à la nouvelle génération.

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